Je rencontre Jesse lors d'un événement autour de la santé en milieu rural, organisé dans un tiers-lieu magique dans l'Orne. Je travaille à l'époque pour Exuvie et je suis accompagnée par une nouvelle et belle rencontre qui oeuvre pour une meilleure connaissance de la santé hollistique, ravie d'être là : Marine. Les points de rencontres paraissent évidents, entre la dynamique d'écolieux, la difficulté des relations humaines et la nécessité de réponses ancrées avec des habitant•es et praticien•es de santé. Je suis ravie de sentir qu'un projet ambitieux s'attèle à ces enjeux dans une volonté de tendre vers l'écoute et l'accompagnement global de toutes les parties prenantes, en démocratie ?! Y'a du pain sur la planche ! Le caractère pluriel est présent de manière singulière dans le travail de Jesse car je le vois comme médiateur entre des systèmes et des codes qui rarement se parlent et qui pourtant auraient à s'apporter. À travers ce projet, cette posture de réconciliation me touche et me semble essentielle. Son ambition s'inscrit dans l'urgence et dans la durée, ce qui demande des forces vives et des équipes solides. Jesse a ce charisme et le grain de folie de ceux que l'on suit pour ouvrir la voie.
Pour entendre la version avec la voix, ouvre tes oreilles et le coeur...
Qu’est-ce qui t'émeut et te meut ?
Ce qui m’émeut le plus aujourd’hui et à travers ce projet, c’est la difficulté si grande qu’ont les humains à communiquer ensemble et avec eux-mêmes. J’ai la croyance que cette incapacité généralisée à cultiver une empathie sincère et profonde dans le monde est source de tant de souffrance, et ça me touche énormément. Ce qui me meut, c’est une autre croyance, celle que chacun.e possède toutes les ressources en lui.elle, pour se relier à soi, aux autres et à son environnement un peu plus sainement. Et ce qui m’anime au quotidien, c’est de penser et créer les conditions pour rendre cela possible.
Qu'est-ce qui est au centre de ta vie aujourd'hui ?
Au centre de ma vie, je dirai assez logiquement qu’il y a d’abord moi-même, et ça me demande pas mal de temps et d’énergie parce que j’ai longtemps caché ou fait taire de nombreuses parties de moi que je prends soin d’accueillir au mieux aujourd’hui. Ensuite je dirai qu’il y a 3 autres composantes que je nourris au quotidien :
● mes relations intimes (amoureuses, familiales et amicales pour mettre des cases),
● mon lieu de vie (vie en communauté sur un éco-lieu et coopération avec le territoire)
● mes projets professionnels (principalement le projet Hameaux de Santé et accompagnements de collectifs).
Comment prends-tu soin de toi ? C'est quoi tes ingrédients ?
Cela ne fait que très peu de temps que je prends sincèrement soin de moi-même (4 ans environ). La méditation a été la première pratique qui m’a permis de me connecter un peu mieux à moi-même, mais pas évidente à mettre en place au quotidien quand on est hyperactif. Mais la pratique qui a le plus changé ma vie, c’est sans doute la Communication Non-Violente, qui ma permis de vraiment découvrir la palette d’émotions qui me traverse, mes besoins profonds sous-jacents, et de pouvoir interagir plus sainement avec les différentes parties en moi et avec les gens autour de moi.
C’est quoi ton premier souvenir autour de la thématique { Santé et corps au naturel } du soin... ?
Ce qui a déclenché tout ce projet "Hameaux de Santé", c’était ma rencontre avec David Outh-Gauer, interne en psychiatrie maintenant juste à côté de chez moi en Bretagne. C’était il y a près de 10 ans, on était tous les deux étudiants en médecine, lui à Toulouse, moi à Caen, et on s’est retrouvé dans le bureau national de l’association des étudiants en médecine de France. C’est au fil de cette longue amitié qu’on a pu rêver de notre lieu de santé idéal jusqu’à passer à la réalisation concrète de ce projet !
Une rencontre marquante qui fait que tu es là aujourd’hui ?
Je pourrais commencer par le Village du Bel-Air, un éco-lieu que j’ai co-fondé il y a près de 4 ans en Bretagne, qui m’a permis par la mise en commun de l’argent, d’arrêter mon cursus de médecine sans me mettre en difficulté financière et me consacrer pleinement à ce que je souhaitai faire de ma vie. Et c’est par ce lieu que j’ai croisé la route de Daphné Savoye, une compagne de vie assez exceptionnelle, qui a énormément contribué au fait que j’en sois là aujourd’hui, par ses capacités de reliance aux autres et d’attention à la fine harmonie du monde.
Qu'est-ce que tu aimes raconter de ton projet "Hameaux de Santé" ?
À la fois j’adore raconter le rêve ambitieux de ces Hameaux de Santé et comment ils pourraient si bien prendre soin des humains et au monde en général, par un grand respect et une sincère considération de chaque être par l’organisation du travail, l’architecture du lieu, le mode de gouvernance, le système économique, ou la culture commune qu’il s’y développe. À la fois c’est vraiment important pour moi de raconter l’humilité de cette démarche, les difficultés immenses qui se présentent à nous à plein d’endroit et le grand besoin de soutien que nous avons en ce moment, qui semble rendre ce rêve parfois inatteignable et nous donne envie de tout abandonner.
La minute révolte, coup de gueule, c'est à quel sujet pour toi ?
Les peurs que les gens peuvent avoir autour de la création des Hameaux de Santé sont vraiment multiples en fonction des publics, et sont surtout totalement entendables, car ce sont elles qui permettent de mieux identifier les besoins que nous n’avons pas pris en considération pour que ce projet fonctionne pleinement. Mais là où j’ai personnellement le plus de mal à accueillir ces peurs et avoir de l’empathie, c’est quand les individus les cachent derrière des généralisations et des vérités absolues du style : “Ça ne marchera jamais, les gens veulent juste consommer du soin!” ou “Aucun médecin ne voudra venir travailler avec des thérapeuthes alternatifs dans un truc qui ressemble à une ZAD!” Personne ne m'a jamais dit ça, mais des fois ça y ressemble…
Quels sont tes apprentissages personnels à travers ce projet ?
La liste serait bien longue, j’ai l’impression de comprendre chaque jour un peu plus comment je fonctionne et comment le monde fonctionne. Ce projet, en plus de mode de vie, fait l’effet pour moi d’un accélérateur de prises de consciences, et donc de claques à répétition ! Et avec du recul, je dirais que ça devient de plus en plus simple à naviguer à travers ces tensions, parce que je sais qu’elles sont là et qu’elles seront encore là demain. Même plus que ça, je pense que j’ai hâte que ces tensions arrivent, pour révéler des éléments essentiels à la réussite de ce projet que je n’avais pas encore vu.
Qu’est-ce que t'évoque l’image de la mosaïque ?
La mosaïque est une belle représentation de l’harmonie par la diversité du monde. J’ai la sensation qu’on a, pour beaucoup d’entre nous, grandi dans un monde assez dissonant où on nous parle souvent de respecter les différences de l’autre en face de nous tout en agissant quotidiennement et en évoluant dans des institutions et des structures qui passe un temps considérable à convaincre, uniformiser, imposer, changer l’autre, au lieu de trouver des manière de composer ensemble. Regarder la mosaïque, c'est comme prendre de la hauteur, regarder le bordel avec plus de distance, et se rendre compte que c’est parfait comme ça, qu’il n’y a rien à changer, juste à accueillir.
Maintenant, allons plus loin et parlons cash !
Si tu étais une question, tu te formulerais comment ?
À quelle partie de moi je laisse les commandes à cet instant, avec le consensus ou au moins consentement de toutes les autres ?
Comment ça se passe entre l’énergie argent et toi ?
Rationnellement, je dirai que l’argent est juste un outil d’échange. Mais évidemment, avec la culture dans laquelle j’ai grandi, il est aussi synonyme de sécurité, de valorisation, de pouvoir et de liberté. Donc quand je ne sais pas nourrir ces besoins autrement, mon compte en banque généralement autour de 0€ devient assez angoissant.
Quelle place fais-tu au don dans ta vie ? Comment le vis-tu ?
J’adore le don ! C’est généralement mon élan premier, c’est ce qui me met le plus en joie, que ce soit de recevoir ou de donner, en ressentant sincèrement la pureté et la sincérité de ce geste. Mais le don peut souvent cacher tout un tas d’autres mécanismes insidieux, donc j’essaye d’y être bien vigilant.
Imagine : Tu vas vivre le prochain trimestre sans carte bancaire, que ferais-tu ?
Imagine encore : Tu hérites de 40 000€, qu’en fais-tu ?
J’ai beaucoup voyagé et vécu sans argent, donc j’ai plutôt des bons réflexes pour trouver à manger, me déplacer et trouver un toît sans argent, sans que cela rime avec misère, bien au contraire ! Par contre si j’hérite de 40 000€, là je n’ai aucune idée de ce que j’en fais. Peut-être que je me formerai encore un peu plus à la Communication Non-Violente, et que je ferais des dons à mes projets professionnels ou d’habitat pour les accélérer un peu plus.
Si tu devais partager 3 « endroits où être » avec des porteurs de projets que tu affectionnes particulièrement ce serait …
A l'Elysée, aux réunions du nouveau gouvernement, composé d’une mosaïque d’organisations stylées qui remplacent les ministres, avec des membres d’Hameaux Légers, de l’Université du Nous, de la coop des Oasis, d’Extinction Rebellion, du Low-Tech Lab, de la Communication Non-Violente, de la Permaculture, etc…
Pour suivre Jesse et le projet Hameaux de Santé, c'est par ici ...
Mail : contact@hameauxdesante.org
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Echangeons ? Tu peux proposer ton projet à caractère pluriel et singulier pour qu'il rejoigne mes sacoches à pépites, sur la thématique qui te fait écho aujourd'hui !
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