{ Association Théâtre - Éducation } « Un théâtre qui ne confie pas des responsabilités fortes à sa jeunesse est un théâtre mort ! » Jean Vilar
Au printemps 2017, j'étais assistante de projets à l'ANRAT.
En 8 clos et hors les murs, quelques mots sur le travail en sous-marin de l'ANRAT...
Association Nationale de Recherche et d'Actions Théâtrales
#Notes de coulisses
A l’arrivée
Un modeste passage de 4 mois dans une structure debout et au combat depuis 35 ans, voilà de quoi on parle ! L’ANRAT est née d’un désir commun entre corps enseignant, culturel, avec un appui ministériel. Les « acteurs du théâtre-éducation » sont réunis dans un esprit militant pour incarner une certaine idée de l'éducation et d'une conception du théâtre public héritée de Jean Vilar.
Main dans la main, il est riche de faire se croiser l'éducation et le théâtre !
Au sein de l'école, dans les théâtres, que les projets foisonnent !
La formule magique des valeurs du réseau anrat ?
Quelque chose comme " Théâtre + éducation + élèves + professeurs + ouverture + engagement + corps + voix + pratique = émancipations, transformations, espaces de constructions ! "
À mon départ
Un peu de doutes pendant ces quatre mois, moi aussi. Fraichement arrivée dans une structure à appréhender, pas vraiment aidée non plus par ce contexte d’élections plombant...Bon courage pour y croire ! Au lendemain du premier tour, c’était comme une conséquence malheureuse qui planait dans l’air et tracassait tout le monde. Comme si tous les efforts des gens qui travaillaient là où j’étais étaient bafoués par une « majorité » qui pense dans un vent contraire ou comme incompatible. Bref, comme une perspective "dramatique" qu’il allait falloir encore combattre.
Mais pour autant, je crois sortir de là en étant convaincue d’une chose…fragile ; la nécessité d’oser et de fédérer ! L’enjeu primordial que j’ai frôlé de près, surtout pendant cette semaine riche à Avignon*, est bel et bien le besoin de faire foisonner les expériences, de faire se rencontrer les gens qui agissent dans leurs territoires toute l’année et qui mènent de front des projets, ainsi de se faire croiser les domaines et les regards, en bienveillance et en exigence. En mettant le corps au centre, il devient finalement rassurant de se saisir d’une force autant professionnelle qu’impalpable. Force, outils et convictions nécessaires aux quotidiens difficiles. Au delà du simple cadre de formation, la théorie est vite dépassée par la pratique et encore une fois, les rencontres. Ce frôlement a alors confirmé de ce que j’étais venu voir de plus près : la partie cachée (en coulisses) de l’ice-berg doit être enrichie et donc forte de formations et de moyens alloués pour cela, qu’elles soient à destination des enseignants ou des artistes, pour être sensible au rôle qu’ils ont ou peuvent avoir quant à la transmission de leurs convictions, de leurs engagements, de leurs volontés et de leurs passions. Sans échanges, prises de conscience, graines plantées, ou tout autre synonyme, entre adultes en âge d’être professionnels, il n’y a rien qui va de soi pour les jeunes ensuite.
Que se soit au théâtre sur la scène ou au théâtre de la vie.
{FOCUS} Un exemple de "portrait action jeune public" que j'ai réalisé.
©Cléa Mosaïque photos 1 : Avignon, un comédien nommé Erwan qui déambulait avec plusieurs textes appris par coeur
photo 2 : lors du festival théâtre ado #8 qui a lieu à Vire, Normandie
photo 3 : Avignon, à la fondation Lambert lors d'une visite commentée par Joël Paubel
photo 4 : Avignon, un inconnu qui rafistole des affiches tombées avec la douce brise d'été
Qui dit théâtre dit... AVIGNON !*
#Notes de contexte
Chaque année, l’idée de cette semaine organisée par l'ANRAT et son réseau est bel et bien de croiser les arts, les regards, et ainsi de passer une semaine hors les murs des quotidiens parfois pesants, pour reprendre des forces vives à l’école du spectateur.
Moi j'étais à la fois stagiaire/participante et stagiaire observatrice de l'ANRAT ! Challenge !
A la base, je devais dégager les grandes lignes des pédagogies des différents intervenants et avoir quelques ressentis des participants. Ensuite, j’ai proposé alors de faire plusieurs petits focus vidéos sur les projets de certaines participantes à la formation. Les spécificités de leurs territoires, de leurs publics étaient intéressantes à mettre en valeur sur le site de l’ANRAT, comme pôle ressource. Bref, cette mission, floue, déterminée un peu tard, s’est avérée être une tâche compliquée car aucune plage horaire n’était prévue pour ! Finalement, j’ai bel et bien mené de petits interviews vidéos comme j’ai pu, entre deux ateliers, sur une pause déjeuner. Un peu sans filet, je voulais des questions simples mais le fait est que lorsqu’on interroge des passionné(e)s, ils dépassent forcément les 2 minutes idéales d’une vidéo « attractive ». J’ai alors changé mon fusil d’épaule. #notes techniques : en prise unique pour le son ou l'image, j'ai donc ajouté des plans d'ambiance et des morceaux d'échanges, formant alors une version courte de petite film. Je me suis éclaté ! Pour le titre, j'ai trouvé intéressant ce jeu de mot "parole d'acteurs" : j'y entends le jeu sur une promesse, une ouverture, un dedans qui sort dehors, devant...
Devant cette semaine effervescente et la matière que j’accumulais, la vidéo était une évidence ! Même s'il faut y être pour sentir et se transformer en éponge pour retenir tant de micros et macros choses !
Le film commence comme ça …
« Un théâtre qui ne confie pas des responsabilités fortes à sa jeunesse est un théâtre mort! »
(Jean Vilar)
#Note d’intention du petit film
À force de relire mes notes et de réécouter les enregistrements de mon compte-rendu, cela a confirmé que le théâtre-éducation est un combat magnifique, que les coulisses sont riches et endurantes. De manière plus tacite, cela m’a confirmé que les certitudes ne mènent pas loin et que l’adaptabilité aux publics est cruciale, qu’il soit grand ou petit, d’où la nécessité de se former régulièrement, pour mettre les deux pieds et le corps dans la pratique, et se confronter. Sans peur et avec force…ensuite.
Les images du film ont été tournées exclusivement dans le cadre du stage organisé par l’ANRAT, à Avignon, pendant une semaine. Les interrogés sont des stagiaires. Les voix (ou « parole de ») sont des enregistrements, autant d’extraits pris sur le vif et respectés dans leur aspect brut et authentique.
A mon arrivée, j’ai senti un Avignon IN, dans l’agitation écrasante d’une chaleur commerciale détendue mais chargée de 1500 spectacles qui veulent vivre et survivre. J’étais accompagnée d’un ami comédien avec qui nous avons beaucoup échangé sur la différence de discours, les réalités des coulisses, difficiles, l’intégration à ce « milieu » qui se dit ouvert d’esprit. Nous avons aussi rencontré une femme qui travaillait à France Culture pendant des années. Je sentais les vibrations d’un monde qui cultive, qui a vécu, qui sait et qui cherche et qui s’écoute un peu.
Dès le lendemain, pendant le stage, j’ai senti un Avignon OFF, peut-être un peu plus près de l'humain et de ses doutes, de ses efforts et de ses volontés de se confronter pour avancer et continuer d’essayer. Proche de ses parcours forts de projets en cours, qui ne s’arrêtent pas, et qui redoublent d’audaces.
Un combat.
Silence au plateau, noir, lumière !
Fouillez, fouillez et adhérez-vous même ! Le réseau de l'ANRAT ce sont des profs, des artistes, des élèves, des projets, des formations, des rencontres, par et pour le corps, le coeur et l'esprit, partout en France !
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“ La prochaine fois, tu viens ?! “ Cléa Mosaïque
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